
Né vers 466
Mort le 27 novembre 511 à Paris (environ 45 ans)
Roi des Francs de 481 ou 482 à 511 (environ 30 ans de règne)
Père : Childéric 1er (vers 436 – 481)
Mère : Basine de Thuringe (438 – 477)
Épouses : Evochilde, princesse franque (466 – 485)
Clotilde (474 ou 475 – vers 545)
Enfants : Thierry 1er (485 – 534)
Ingomer (vers 493 – 494 ou 495)
Clodomir (vers 495 -524)
Childebert 1er (vers 497 – 558)
Clotaire 1er (vers 498 – 561)
Clotilde (vers 500 – 531)
Avant de parler à proprement dit du premier roi Franc Clovis, il est nécessaire de parler à la fois de la vie politique de cette époque et de ses prédécesseurs.
Fin de l'empire romain :
Flavius Odoacre (né vers 433, mort le 16 mars 493) est un soldat de l’empire romain d’Occident. Il est d’origine skyre, peuple allié des huns. Il s’enrôle dans l’armée romaine. Mécontent du sort réservé aux barbares recrutés, il s’insurge contre le patrice Orestre et son fils Romulus Augustule nommé empereur par son père. Vainqueur à Ravenne (nouvelle capitale de l’Empire Romain) contre le comes Paulus, il prononce la déchéance de Romulus Augustule en 476. Il est alors nommé « roi » par ses troupes et se dirige vers l’Italie avec l’agrément du sénat de Rome de l’empire d’Orient. Il sera assassiné par Théodoric (roi des Ostrogoths), qui reprend la ville de Ravenne et fait tuer toute sa famille et tous ses soldats. Cette partie du royaume romain devient ostrogoth.

Il reste cependant une petite partie de la gaule encore romaine, c’est le royaume de Soissons au nord de la France actuelle, dirigé par Syagrius (né ?, mort vers 486) qui sera conquis par Clovis.
Arrivée au pouvoir des Francs saliens :


On note l’arrivée des premiers Francs entre les années 256-260. Ce sont des Germains qui habitent hors de l’Empire et se situent entre le Rhin et le Danube. Au départ, ce sont des tribus qui vivent du pillage. Ils vont unir leur force et former la tribu des Francs. L’Empire Romain s’affaiblit et au début du Ve siècle, vers 406, leur frontière laisse libre accès aux peuples barbares. Les romains se voient dans l’obligation de s’associer avec certaines de ces peuplades contre les nombreuses invasions. On retrouve au Sud-Est les Burgondes, au nord, les Francs (divisés en deux groupes, les Francs Rhénans ou ripuaires et les Francs saliens) et au Sud-Ouest, les Wisigoths. Petit à petit, Rome cède du pouvoir à ces tribus qui reçoivent le statut de fédérés, ce qui veut dire allier de Rome. Ils reçoivent des territoires administrés, des ressources à exploiter, surtout des terres. La cohabitation se passe si bien, que la monnaie frapper par ces barbares est à l’effigie de l’empereur romain.
Les Francs Rhénans se situent à l’est du Rhin et restent indépendants, par la suite, ils disparaitront au profit des Francs saliens. Ces derniers tirent leur nom probablement des Salans, région du nord des Pays-Bas. Leur premier roi connu est Clodion le chevelu. Au Ve siècle, il conquit Tournai et Cambrai. Il est arrêté dans sa progression par l’armée romaine. Mais il obtient la légitimation des territoires en 431 par les Romains. Il est vrai qu’à ce moment-là, il y a un redoutable barbare qui terrorise Rome, Attila, le chef cruel des Huns, tribu de turco mongols. Le fils de Clodion, Mérovée, combat aux côtés de l’armée romaine et du général Aetius. Ils gagnent la bataille aux champs catalauniques (Attila avait installé un siège devant Orléans mais devant l’armée d’Aetius, il est contraint de partir, puis s’ensuit une bataille dans la région de Troyes-Châlons-Reims où des dizaines de milliers de combattants périssent). L’histoire devient un peu floue, Aetius laisse partir Attila. Ce dernier est mort, étouffé par un saignement de nez durant sa nuit de noces avec la germaine Ildico. Son assassinat aurait été commandité par Aetius, sa mort reste un mystère.
Mérovée, grand-père de Clovis, va donner son nom à la future dynastie des Mérovingiens. Ses exploits sur le champ de bataille vont lui valoir un titre officiel de roi, accordé par l’Empereur et le droit de s’implanter officiellement en Gaule Belgique, en tant que chef d’un peuple fédéré à Rome. Cette portion de territoire va devenir leur base de lancement. Pendant que le peuple romain se déchire, les soldats désertent, les paysans refusent de payer l’impôt en pillant les campagnes, les Francs attendent leur heure.
Son fils, dont le nom Childéric, « Hildéric » en vieux francique, veut dire puissant à la guerre lui succède et devient un général romain.

Les insignes royaux de Clovis :
Premier roi des Francs unifiés et fondateur de la dynastie mérovingienne, Clovis n’eut pas d’armoiries officielles, mais la tradition lui attribue les trois fleurs de lys d’or sur fond bleu, symbole de pureté et de royauté chrétienne.
Son sceau prenait la forme d’un monogramme chrétien, sa “couronne” marquait son baptême et la naissance du royaume chrétien de France.
La devise symbolique “In hoc signo vinces” incarne sa conversion et le lien entre la foi et le pouvoir royal.
481 : Arrivée au pouvoir de Clovis
511 : Mort de Clovis


Enfance de Clovis :

Il est le fils de Childéric 1er et de Basine de Thuringe.
Son prénom se décompose en plusieurs inclinaisons : Chlodevechus, Crotechildis, Chlotachurius, Chlodoveus, Ludovicus, et Clovis. Ludovicus deviendra Louis et de nombreux rois se targueront de ce prestigieux prénom, dix-huit en tout, dont le premier est Louis le Pieux, fils de Charlemagne, de quoi donner de la légitimité à sa descendance.
Il est né en 466 à Tournai. A l’âge de 15 ans, il succède à son père Childéric. Il devient roi du royaume des Francs saliens dans le nord de la Gaule. On ne connait pas la vie de Clovis enfant dans ce petit royaume. Selon les lois franques, un enfant est majeur à douze ans et doit prendre les armes à quinze, il détient donc le « Mund ». Le « Mund » correspond à la puissance de protection que certains individus exercent sur d’autres, ainsi, un roi sur ses sujets, un père sur son enfant, un mari sur sa femme, bien sûr, il ne peut être détenu que par un homme.
Bien qu’il ait hérité du trône de son père, Clovis n’en est pour autant pas roi vis-à-vis de son peuple et des rois voisins. Il doit prouver sa légitimité à gouverner et surtout à combattre. La guerre, à cette époque, est une seconde nature. Clovis va le prouver en déployant toute son agressivité durant la bataille mais également lorsqu’on n’obéit pas à ses ordres.

Vie familiale de Clovis :
Il se marie en premières noces avec Evochilde, une princesse Franque. Un enfant nommé Thierry (485 / 534) nait de cette union.
Clovis est veuf. Rémi, évêque de Reims pense qu’il doit se marier. Il lui conseille d’épouser Clotilde. Elle est née vers 474 ou 475. Princesse burgonde, elle est également catholique. Son père, Chilpéric II, est le roi de Burgonde. Selon Grégoire de Tour (évêque de Tours de 573 à 594, auteur de l’histoire des Francs, de nombreuses sources proviennent de ses écrits), Gondebaud (son oncle) aurait assassiné ses parents, pris le pouvoir et la retiendrait prisonnière Clotilde avec ses sœurs. Selon l’histoire, Clovis aurait demandé à un de ses fidèle de faire sa demande auprès de Clotilde, un échange d’alliance scellant leur union. Il semblerait toutefois qu’un accord avec Gondebaud soit conclu et Clovis retrouve son épouse à Soissons où le mariage est prononcé soit en 492-493 ou 502. Vrai ou pas, le coup de foudre fut immédiat. Ce mariage reste cependant un excellent contrat politique, les Burgondes et les Francs étant en dissension politique. Leur frontière se jouxte au sud-est de la France et de la Suisse.

Ils auront quatre fils et une fille.
Ingomer (vers 493 / 494 ou 495) ; Clodomir (vers 495 / 524) ; Childebert (vers 497 / 558) ; Clotaire (vers 498 / 561) et Clotilde (vers 500 / 531).
Clovis et la guerre :
A cette époque, la guerre n’est pas que la conquête de territoire, elle permet également l’enrichissement par le butin et la capture de captifs. Les richesses du royaume s’accroissent et on s’attache la fidélité de ses hommes en leur octroyant des terres et des prisonniers.
A son accession au trône, Clovis vit à Tournai, capitale des Francs Saliens.
Pour sa première bataille, le roi a des vues sur le royaume de Syagrius. Ce dernier est à la tête du dernier réseau romain en Gaule, il exerçait les fonctions de maître de la milice (comme il aime à le dire, le dernier roi romain) depuis 471, sans réelle légitimité. Dans un premier temps, Clovis va rendre visite à son voisin et se rend compte de la richesse du royaume mais surtout de son isolement, il comprend très vite que la conquête de la ville où cet homme seul dirige, peut être conquise. Cette abondance est due à l’arrivée de nombreux Syriens et juifs venus commercer dans cette gaule du Nord grâce à de nouvelles routes commerciales créées avec le sud. Épices, soieries, bijoux inondent les marchés.
En 486, Clovis livre bataille à Soissons. Il réunit d’autres chefs saliens. Chararic, installé à Thérouanne, refuse, alors que Ragnacaire qui se trouve à Cambrai sur la route entre Tournai et Soissons, donc sur la route de Clovis, accepte. Syagrius est alerté par cet invasion. Il se rend aux portes de la ville afin d’affronter son adversaire et éviter un siège mais il sous-estime son rival et perd le combat. Il s’enfuit et trouve refuge auprès d’Alaric II, roi des wisigoths. Ce dernier l’accueille puisqu’ils étaient alliés. Mais il se rend vite compte que garder Syagrius n’a plus grand intérêt pour lui et n’hésite pas à le livrer au roi Franc. Syagrius est exécuté.
Le chef salien, Chararic, qui avait refusé son soutien à Clovis lors de l’expédition de Soissons, eut la tête rasée, ainsi que son fils. Ce dernier consola son père en criant vengeance dès que leurs cheveux auront repoussés. Clovis les fit donc décapiter.
Puis, afin de régner en maître, il enfonça une hache dans le crâne de Ragnacaire, l’autre chef, qui l’avait pourtant aidé.
Il devient ainsi, le chef incontesté des Francs Saliens et maître du royaume de Soissons où il s’installe avec ses hommes.

L’histoire du vase de Soissons :
Tout d’abord expliquons le contexte. Le chef de guerre est le garant de la loi et de la guerre. Le pillage est la récompense des soldats qui ont combattu. Cette loi exige que le butin, une fois rassemblé, soit équitablement réparti entre les vainqueurs. Pour cela, des lots sont établis et un tirage au sort permet à chacun de récupérer son tribut. Donc enfreindre cette règle, est un blasphème vis-à-vis des guerriers. Or, Clovis est sollicité par l’évêque de Reims, Rémi. Celui-ci lui demande de lui restituer un vase qui lui a appartenu et qui serait entre ses mains. Clovis demande à son soldat de rendre l’objet à l’évêque. Désapprouvant son chef, le soldat jette le vase et le détruit avec sa hache, en déclarant : « Tu n’auras que ce que le sort voudra bien t’accorder ». Clovis ne réagit pas tout de suite. Un an après, lors d’une revue au Champ de Mars, il interpelle le fameux guerrier et lui reproche sa négligence sur l’entretien de ses armes. Il fait alors tomber sa francisque, le coupable se baisse pour la ramasser et Clovis lui tranche le cou en déclarant à son tour : « Souviens-toi du vase de Soissons ».
Clovis installe son royaume à Soissons. Il est entouré à l’Est par les Alamans, au Sud-Ouest par les Wisigoths et au Sud-Est par les Burgondes. Les Alamans sont des païens peu romanisés, les Wisigoths sont convertis au christianisme, ainsi que les Burgondes. Mais cette conversion n’est pas complète. Alors que les Francs saliens sont vraiment catholiques, les Wisigoths et les Burgondes sont ariens. L’arianisme, pour qui Jésus, le fils de Dieu, était une essence divine et pas une incarnation divine, ne correspondait pas au dogme de l’Église, défini au concile de Nicée en 325. Elle faisait du Christ un sur-être, comme le chef qui les menait au combat.
Les Alamans menacent le royaume des Francs Rhénans. Le roi Sigebert le Boiteux fait appel à Clovis. Il repart donc en guerre pour aider les Rhénans et surtout pour protéger ses frontières. La bataille est cruciale. En 496, la bataille de Tolbiac bat son plein. Clovis est acculé et au bord de la défaite. Désespéré, il prie le Dieu de Clotilde et Clovis promet de se convertir au christianisme s’il gagne le combat. Miracle, alors que le roi des Alamans fonçait sur Clovis, une flèche l’aurait sauvé de la mort. A partir de là, c’est la débandade dans le clan des Alamans et les combattants s’enfuient. Le roi Saliens est victorieux. Cette page de l’histoire est racontée par Grégoire de Tours (évêque de Tours de 573 à 594). Clovis abandonne le royaume des Alamans à Sigebert le Boiteux. Stratégie politique, qui lui permettra de demander à son débiteur de l’aide pour d’autres combats dont celui contre le royaume des Wisigoths. A la mort de Clodéric, fils de Sigebert le boiteux, Clovis récupère non seulement l’ancien royaume des Francs Rhénans mais également celui des Alamans.

En 500, c’est la guerre entre les deux rois qui se partagent le royaume de Burgondie, Godegisèle et Gondebaud, oncles de Clotilde. Godegisèle fait appel à Clovis pour établir l’unité du royaume au détriment de Gondebaud. Clovis part donc au secours de ce dernier, est vainqueur à Dijon et poursuit Gondebaud jusqu’à Avignon. Clovis monte le siège au pied de la ville. Après une entente entre les deux parties, le roi Franc accepte de partir en échange d’un tribut annuel. Gondebaud renie sa parole et fait assassiner son frère. Cependant, Clovis n’intervient pas. Tout d’abord, le royaume Burgonde est chrétien, et le tonton a su profiter de l’appui des évêques. Puis, il institue des lois douces pour qu’on n’opprime plus les Romains. Et enfin, son fils Sigismond, est prêt à abjurer l’arianisme. Finalement, au lieu d’une bonne guerre, un mariage est consenti entre Thierry (futur Thierry 1er), fils de Clovis et Suavegothe, fille de Sigismond. Les Burgondes devenus les alliés des Francs, restent les Wisigoths.
Petit mot sur les Wisigoths : En 410, les Wisigoths furent les premiers à piller Rome. Ils s’installèrent par la suite dans le Sud-Ouest de la Gaule en 418, avec le statut de fédérés. Puis, ils étendirent leur territoire jusqu’à la Loire puis la péninsule Ibérique. Toulouse devient leur capitale. En 476, ils s’agrandissent avec la Provence. Après ses nombreuses conquêtes, les Wisigoths, qui sont ariens, gèrent leur territoire en opprimant les catholiques, selon l’Empire d’Orient qui ne leur a pas pardonné le sac de Rome.

Clovis convoite depuis un certain ces domaines. Fraichement baptisé, il voit là une excellente raison de rentrer en guerre contre les Wisigoths et il trouve un soutien en Anastase, empereur d’Orient. Il semblerait qu’Anastase est donné à Clovis le titre de consul honoraire. Alaric, roi des Wisigoths sentant le vent tourner en sa défaveur, soigne son image et sa popularité en utilisant les mêmes méthodes que Gondebaud. Pour cela, il fit rédiger un bréviaire, un abrégé de la loi romaine, mais à l’avantage de ses hommes. En 506, il autorise la tenue d’un concile ouvert à tous les évêques catholiques de son royaume. Il essaie ainsi d’obtenir l’adhésion des élites et de la population gallo-romaine, compliquant ainsi la stratégie militaire de Clovis et surtout en rendant moins légitime l’annexion. Ce qui devait arriver, arriva. En 507, Clovis réunit son armée grossie par les contingents Rhénans, menés par Clodéric, fils du roi Sigebert de Cologne, puis ceux des Burgondes sous les ordres de Sigismond. Il reçoit même la bénédiction « sous forme de lumière qui semblait voler vers lui » de Saint-Hilaire, évêque de Poitiers qui luttait contre l’arianisme depuis le IVe siècle. La bataille eut lieu dans la plaine de Vouillé, au Nord-Ouest de Poitiers. La défaite est totale, Alaric est tué par Clovis. Son fils Amalaric se réfugie sur ses domaines espagnols. Clovis récupère le butin le plus prestigieux, Angoulême, Bordeaux et la capitale Toulouse et laisse aux autres Clermont, Rodez et Albi. Quant aux Wisigoths, il ne conserve que la Provence.
Soutenu par Anastase, l’empereur d’Orient, dernier à représenter l’autorité romaine après la disparition de l’empereur romain d’Occident, accorde à Clovis le titre de consul romain. A ce moment-là, deux royaumes se distinguent l’Empire d’Orient et celui constitué par Clovis.
Clovis ne se fait pas que des amis. Devenu roi catholique, Clovis demande à ses soldats de ne plus ni piller les églises, ni s’attaquer aux religieux. Son armée franque a dû mal à accepter ces nouvelles règles qui vont à l’encontre de leurs habitudes. Et malheur à celui qui enfreint la loi, il est abattu sur le champ et Clovis n’hésite pas à le faire lui-même. On ne rigolait pas à l’époque…
Paris devient la capitale du royaume Franc. Effectivement, elle se situe au centre du domaine royal et permet ainsi à Clovis plus de faciliter pour administrer ses territoires. La ville est insulaire et est remarquablement fortifiée. Paris a également une image symbolique. C’est dans cette ville que Sainte-Geneviève a résisté à Attila. Clovis fit édifier sur son tombeau une basilique dédicacée aux saints apôtres Pierre et Paul, pour en faire son mausolée et celui de sa dynastie.


En 507, Sigebert le boiteux, roi des Francs rhénans décèdent, son fils Clodéric prend la succession. Mais en 508, soit à peine un an après son père, il meurt à son tour. Clovis est élu roi par le peuple franc rhénan et récupère le royaume. Selon Grégoire de Tours (573-594), Clovis aurait demandé à Clodéric de tuer son père puis l’aurait fait assassiner à son tour pour cause de parricide.
Clovis a établi les frontières de son royaume qu’il partagera entre ses fils.
Clovis et la religion :
Avant tout, il faut parler de l’importance des évêchés et de l’évêque de Reims à l’arrivée au pouvoir de Clovis. En cette fin de l’époque Gallo-romaine, les représentants de la religion catholique ont déjà un certain pouvoir dans de nombreuses villes. Ils sont porte-paroles diplomatique, bienfaiteurs des pauvres, collecteurs d’impôts… L’évêque de Reims est une des figures incontournables de cette période. Dès l’accession au trône de Clovis, il envoie à ce dernier une missive dans laquelle il lui rappelle l’importance de bien s’entourer et surtout d’émissaires religieux. Il rejette le courrier, ce n’est pas la préoccupation du jeune roi d’autant qu’il est païen.
La première intervention de Rémi est lors de l’invasion du royaume de Syagrius. Effectivement, c’est lui qui demande à Clovis de lui redonner le vase qui fait parti du butin volé dans la paroisse de Soissons. Clovis intercède en sa faveur et veut rendre le vase à Rémi, c’est la fameuse histoire du vase de Soissons.
Sa deuxième intervention se fait lors du mariage de Clovis. En effet, c’est lui qui propose au roi veuf de se marier avec Clotilde princesse Burgonde et surtout fervente catholique. Ce sera chose faite en 492.

Un premier désaccord avec l’Église. Clotilde veut baptiser leur premier enfant. Clovis, bien que réticent, aurait donné son assentiment. Seulement, le jour de son baptême, Ingomer meurt. A cette époque, l’enfant est baigné entièrement nu dans une vasque. On ne connaît pas la cause du décès, mais Clovis ne veut plus entendre parler de catholicisme.

La grande victoire de Rémi, la conversion de Clovis.
Lors de la bataille de Tolbiac en 496 contre les Alamans, Clovis demande du secours au Dieu de Clotilde et si ce dernier l’aide à obtenir la victoire, il se convertira. Visiblement, Clovis était de parole, malgré la tournure négative du combat, le chef Alaman est tué par une flèche, les soldats fuient et la victoire revient aux francs saliens.
Le baptême a donc lieu à Noël entre 496 et 500 à Reims par l’évêque Rémi. Clovis rentre complètement dévêtu dans la piscine baptismale et est baptisé. Cette cérémonie choque les Francs. Normalement, on ne se montre jamais sans ses armes que l’on est censé conserver jusqu’à la tombe. Se montrer ainsi en public est une humiliation. Il a été dit que bon nombre de soldats se serait également converti, environ 3000, mais pour ces barbares ce rite ne correspondait pas du tout à leurs coutumes. Donc, un doute persiste sur le nombre de païens qui ont suivi leur chef. Le sort de la France en est changé à jamais ; un peuple, une foi, un territoire. Les rois mérovingiens vont s’appuyer sur les évêques installés dans les cités et créés des centaines de monastères contrôlés par l’État. Ils sont les représentants de Dieu sur Terre. « Que Jésus-Christ, le souverain des rois, veille sur les destinées de cet empire », proclame le préambule de la loi salique.
La jolie histoire du baptême :
Alors que Clovis se dénude et enlève tous ses colliers, le sacristain apporte le chrême. Or il y a tellement de monde qu’il n’arrive pas à s’approcher de Rémi. Rémi pria et une colombe apparue. Elle apporta le chrême qui put baptiser Clovis. La première trace écrite du récit du baptême de Clovis avec la colombe et la Sainte Ampoule, date de 878. Hincmar, archevêque de Reims, tenta de légitimer la primauté de son Église, seule compétente à officier lors du sacre du roi des Francs. Le saint chrême qui a été oint sur la tête de Clovis, descendait du ciel et a été conservé à Reims. Seule l’archevêque, en possession de la fameuse huile était apte à sacrer les rois. Ce sera ainsi pour les successeurs de Clovis. A partir de Louis VI, tous les rois seront sacrés à Reins, sauf Henri IV. En pleine guerre de religion, il se fera sacrer à Chartres.
Vaast d’Arras (Saint Vaast), évêque de Cambrai et d’Arras est né en 453 et mort en 540. Selon la légende, Vaast aurait instruit Clovis au christianisme lors de sa conversion. Il est le Saint patron d’Arras et il est fêté le 6 février.

Politiquement, c’est un judicieux calcul pour Clovis qui a très vite compris l’impact de l’Église sur les villes conquises et à conquérir. En gagnant la confiance d’une population majoritairement catholique, il ralliait à sa cause un appui militaire non négligeable.
Ce baptême n’a pas servi que la cause du roi des Francs. Grégoire de Tours (573-594) relate cet évènement en un moment prestigieux et historique. Beaucoup en ont profité pour y inscrire les racines chrétiennes de la France.
Premier concile :
Le premier concile des Gaules eut lieu en 511 à Orléans. Clovis convoqua à cette occasion toutes les autorités de l’Église. C’est le début de la collaboration du roi et des évêques. Il est défini que le roi est au-dessus des évêques pour des raisons politiques, c’est la responsabilité du pouvoir temporel, ce qui est lié au matériel. En revanche, les représentants de la religion ont un pouvoir spirituel, ce qui correspond à l’intemporel. Ce partage du pouvoir évite le totalitarisme arien qui place le roi comme un surhomme qui était également le chef de l’Église. Il envoya une couronne à l’évêque de Rome, Symmaque. L’idée du Moyen-Age se met en place, le temporel au roi, le spirituel au pape.
Clovis et l'administration :
Un paradis fiscal :
« Il fut défini, dès la fin du Ve siècle, que toute personne reconnue comme franque bénéficiait d’une exonération de taxes ». Voilà, une idée de génie pour convaincre la population gallo-romaine de s’intégrer au royaume Franc. Le succès est immédiat. Au VIIe siècle, au nord de la Loire, il n’y a plus de Romains ou de Gaulois, mais uniquement des Francs.
Pour renforcer leur popularité, les Francs accordent de gros avantages juridiques à ceux qui rejoignent leurs rangs. Par exemple, on trouve dans la loi salique rédigée en 500, que la vie d’un Franc a une valeur beaucoup plus haute que celle d’un Gallo-Romain. Alors plus d’hésitation, laissons-le passé à nos aïeuls et tournons-nous vers le futur !

Pour asseoir sa position, Clovis institue des lois. Il se sert du Bréviaire d’Alaric, code rédigé en 438. Ce code réunissait toutes les institutions impériales depuis 312, depuis Constantin. Il était entre autres écrit que le souverain promulguait les lois et qu’il en était responsable devant Dieu, qu’il devait donc les respecter. Ainsi pouvait-il en demander tout autant à son peuple. Est-ce que cela fut toujours le cas, ça c’est une autre histoire ! Clovis créa la loi salique.
La loi salique est un code juridique promulgué vers l’an 500, composé de 60 articles. C’est un code surtout de droit privé qui prévoit les amendes, les peines en fonction des crimes commis. Elle interdit aux gens de se battre ou de s’entretuer à moins de verser des amendes. Elle condamne durement les femmes adultères, elles sont enterrées dans la boue jusqu’au col, elle interdit les mariages incestueux. Cependant, si on tue une femme en âge de procréer, l’amende est plus élevée que si l’on a occis un simple franc. En ce qui concerne la transmission, il est très difficile de trouver une explication claire. Certains disent que la succession n’est pas notée dans la loi salique. D’autres déclarent qu’elle est machiste et que les femmes n’ont le droit à aucune transmission d’héritage. J’ai également lu qu’on ne trouvait pas dans la loi, un article excluant les femmes du trône. La seule précision émise est « quelques terres particulières, sans doute militaires, sont exclues de la possession féminine ». Toujours est-il que les Valois Directs se sont bien arrangés pour exclure de la succession du trône de France, Isabelle de France, fille de Philippe IV le bel.

D’un gouvernement majoritairement militaire, Clovis élabore l’esquisse d’un royaume qui va s’appuyer sur un gouvernement centraliser, géré à Paris. Dès Soissons, il mit en place un système pour stabiliser son pouvoir en récoltant les revenus de l’impôt et en frappant monnaies.
On est aux portes du Moyen -Age. L’esclavage disparaît et laisse place au servage. Les seigneuries rurales commencent à apparaître. La dynastie des Mérovingiens s’installent.
Mort et succession de Clovis :
Clovis meurt d’une mort naturelle, le 27 novembre 511 à Paris à l’âge d’environ 45 ans. Il est inhumé dans le mausolée des Saints Apôtres, renommée Église Sainte Geneviève, qui a été démolie au début du XIXe siècle. Son tombeau n’a jamais été retrouvé, peut être est-il encore aujourd’hui sous le goudron de la rue Clovis.
Son royaume est divisé entre ses 4 fils, Thierry 1er, roi de Reims, Clotaire 1er, roi de Soissons, Clodomir, roi d’Orléans et Childebert 1er, roi de Paris.

La fleur de lys, emblème des rois de France :
Selon la légende, Clotilde aurait remplacé l’emblème de son mari, les trois crapauds par trois fleurs de lys, sur les conseils d’un ermite qui aurait eu la visite d’un ange.
Une autre légende raconte que lors de sa bataille de Vouillé contre les Wisigoths, Clovis à la suite de sa victoire aurait pris le lys comme symbole. Il est dit que lorsque son armée est repoussée dans les marécages, une biche au son de l’armée traverse la Vienne en crue au niveau d’un gué environné de grandes iris. Indiquant le passage aux soldats où le sol est stable, les armées franques vont pouvoir battre leur ennemi. Le lys est une iris stylisée, et devient la fleur favorite de Clovis.
La fleur de lys serait aussi un ancien symbole des Francs saliens originaires des Flandres où l’iris Faux-Acore ou l’iris des marais, pousse en abondance. Clovis ajouta cet emblème à son blason lorsqu’il annexa ce fief.
Qu’elle que soit la version, Clovis serait l’instigateur de cet emblème royal qui est repris par les Carolingiens et surtout adopté définitivement par Louis VII où elle devient le symbole de la royauté française.
Bilan de Clovis :
En 30 ans de règne, Clovis a fédéré une multitude de peuples barbares, en un seul et même royaume. C’est la fin de l’empire romain d’Occident. Une nouvelle dynastie apparaît celle des Carolingiens qui durera 287 ans. La Gaule n’est plus et peu à peu, La Francis va s’imposer.